StCyrre

J'AIME PAS COURIR

À propos de l'auteur

papa, juriste, courre, aime ça et n'en revient toujours pas. J'aime le sport, les voyages, la bande dessinée, et devient tout doucement technology addict !...

 

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Mon portrait

Je m’appelle Ali alias Ali_RunHappy. Je cours par amour et plaisir de vouloir partager ma passion avec la communauté de la course à pied ...
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StCyrre

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J'AIME PAS COURIR - Mon article d'entrainement

J'AIME PAS COURIR

Pendant très longtemps, j’ai soigneusement évité toute course, longue marche et plus généralement toute activité sollicitant de quelque façon que ce soit l’endurance.   Mais alors que j’ignorais voire méprisais ainsi toute forme d'endurance, j’ai toujours adoré le sport en général et en ai pratiqué un certain nombre de façon plutôt assidue mais en affirmant de façon péremptoire « Moi, je n’aime pas courir ». Pour moi l’endurance était au sport ce que la musique religieuse est au Rockn’ Roll. Un truc vaguement respectable certes mais à des années lumières de ce qui est cool, fun, mode, tendance, hype, stylé, wesh (rayez les mentions inconnues).   Remontons le temps et abordons justement le sujet du style et du physique, sujet qui nous en conviendrons tous, n’a officiellement aucune importance hein, parce que ce qui compte c’est le moi intérieur, non ? tousssss tousssss tousssssss, reeuuuuuuuuhrrrrr tousssssss toussssss ttttrrrrrrrrrreeeeuh crachotte   En ce qui me concerne, à l’âge auquel l’apparence physique commence à « compter », je suis déjà myope « comme une taupe », équipé de lunettes a verre relativement épais depuis l’âge de six ans, habillé généralement de pull en laine bleu marine tricoté maison (vous savez avec le col rond qui gratte autour du cou) et de pantalon de velours idoine (en flanelle grise les jours de fête), coiffé au bol avec une grâce que Duguesclin ne renierait pas, et plus petit et plus maigre que mes camarades de classe, tous sexe confondus.   Autant dire le candidat idéal à la victoire d’intello rachitique de l’année dans chacune des classes que j’ai fréquentée au moins jusqu’au Lycée, en tout cas, j’aurai voté pour moi sans l’ombre d’une hésitation et avec les deux mains.   Arrivée à ce stade de mon développement, vers 16 ans, je n'avais guère épaissi bien qu'un peu grandi lorsque Dame Nature décida de m’affubler d’un strabisme suffisant pour que mes lunettes soient désormais équipées de doubles foyer. Vous imaginez le cauchemar pour un adolescent forcément complexé ? Des verres à double foyer ? Pour ceux qui ne visualisent, ce sont les lunettes avec chainettes en or de la bibliothécaire acariatre et vieille fille de vos cauchemars. J’ai porté ces horreurs jusqu’à mes 18 ans…   Ce n’était pas donc pour en plus pratiquer un sport « de vieux » qui consiste à faire poussivement des tours de stade en ahanant comme des grecs en string le faisait déjà 3000 ans avant ma naissance…   C’est pas comme ca que j’allais impressionner les copains nom d’un sankukai ! Et puis, tout à fait entre nous, hein, pour les filles… Vous savez bien, les filles, là…   Elles se pâmeraient devant un nabot qui porte un short satiné plus court que sa culotte en velours ? Elles s’intéresseraient à un binoclard qui trottine en rond sans jouer avec aucun ballon ?   Non, c’est bien connu, ce que les filles aiment, c’est des costauds à mèche romantique, des supers héros, des motards habillés de cuir, des types qui font des jongles en surfant à Waiméa habillé en Oxbow, Quicksilver ou Waikiki…   Donc, oui, pour faire court, être « mode », être « comme les autres », c’était important pour moi, je pensai qu’à défaut de le combler ca dissimulerait l’Ecart, ca masquerait la Différence... Alors faire de l’endurance, sans façon, j’ai d’autres priorités là tout de suite, merci passez votre chemin, allez donc voir à Marathon si j’y suis...   Donc le sport oui mais le foot comme les copains et dans les buts comme gardien, ce malgré les lunettes (garantie d’être sélectionné dans les trois premiers après chaque traditionnel duel de godillots). Gardien des « bois » depuis l’âge auquel on joue en culotte courte au foot dans la cour de récré gravillonnée puis goudronnée, entre deux buts symbolisés par des pulls soigneusement placés à six ou sept pas l’un de l’autre. J’en étais même venu à dire comme une boutade que « depuis vingt ans je suis gardien de but car j’aime le foot mais j’aime pas courir ».   De la natation un peu pendant une année ou deux, mais surtout du sprint, 50m et 100m crawl ou brasse. A l’entraînement le lundi soir, je faisais durer les pauses entre les séries, je trichai un peu quand arrivé à l’autre bout de la ligne d’eau, j’étais pris d’envie pressante entre deux séries de 10x25m parce que vraiment l’endurance, c’est pas mon truc, c’est pas drôle.   Etudiant, m’étant fait voler mon sac avec mes affaires de foot dans le coffre de ma voiture (j’espère que le coupable agonise encore tel Bobba Fett dans l'estomac du Grand Sarlacc, mes affaires n'avaient pas été lavées depuis bien un mois), je m’étais mis sur le tard à l’escrime, sport que je rêvais de pratiquer plus jeune. Là encore, avant chaque entrainement ou chaque compétition, un petit tour de salle en trottant avant de croiser le fer mais point trop n’en faut, « courir c’est mignon mais comparé à un match au fleuret en 15 touches, c’est pas vraiment du sport, hein ! ».   Enfin, étudiant encore (oui l’avantage de l’université c’est qu’on est quand même moins enquiquiné par des mesquines contraintes temporaires), j’ai eu l’opportunité et la chance d’être sapeur-pompier volontaire. Les cours en amphithéâtre n’étant pas obligatoires, je pouvais être d’astreinte à la caserne avec une bonne conscience d’une parfaite mauvaise foi, ce plusieurs heures par jour. De très nombreux pompiers, bien sur les militaires mais aussi les autres, pratiquent l’endurance de façon très régulière mais moi non. Profitant de mon relatif passé sportif, j’étais physiquement apte et capable de passer les examens physique (parcours du sapeur et épreuve de la planche). En intervention, on a rarement besoin de courir même quatre ou cinq kilomètres. L’endurance n’apparaît que sur les interventions de très longues durées, principalement les feux, qui mobilisent parfois plusieurs dizaines de pompiers et imposent de porter tout le barda (casque, appareil respiratoire, lance et tuyaux etc...). Mais ces interventions là sont très rares (une ou deux par an maximum), je suis un jeune étudiant d’une vingtaine d’années qui fait plus souvent du sport qu’il n’est à la bibliothèque de la fac et ces efforts ne durent jamais plus de deux heures avant que l’on soit relevé.   « Je n’aime pas courir » mais comme tout le monde, j’ai bien évidemment eu à pratiquer la course à pied à l’école alignant les tours de cour de récréation pour de longues, inutiles et ennuyeuses minutes (je n’avais jamais entendu parler du test de Cooper) ou les tours de stade avant l’entraînement de foot ou de handball ou de volleyball quand l’entraîneur ordonnait l’échauffement.   J’avais cependant couru deux épreuves d’athlétisme par le passé : -            un cross scolaire en cinquième je crois, inscrit par le professeur de sport de ma classe. Je me souviens d’un pré en hiver, d’un ciel gris, d’un départ désordonné d'une horde d’enfants. D’un effort devenu soudainement difficile sur un sentier à l’orée d’un bois devant une petite bosse boueuse, de baskets qui glissent. Je crois me souvenir d’un résultat qu’on m’annonce comme étant somme toute honorable, dans le premier tiers si je me souviens bien, mais l’effort m’avait ennuyé, c’était difficile, tumultueux, j’avais eu froid, j’avais eu du mal, je n’avais rien compris à cette course bizarre.  -            Puis un semi-marathon en terminale, encore en hiver, juste avant les vacances de février. L’épreuve du semi était, et est encore je crois, une tradition que tous les terminales de l’établissement doivent respecter. Etant devenu interne depuis mon redoublement de seconde, j’avais commencé à fumer très régulièrement, pour faire comme les autres encore une fois et aussi parce que l’ennui est le deuxième nom de la vie en internat. Bien évidemment, j’y suis allé les mains dans les poches, je ne m’étais pas entraîné du tout, rappelez vous « je n’aime pas courir , d’ailleurs je fume, c’est bien la preuve que l’athlétisme et moi ca fait au moins sept au carré ». Je l’avais fait en deux heures et dix minutes je crois, peut être  un peu moins. Je me souviens d’avoir allumé une cigarette après l’arrivée malgré les remontrances d’un prof’ de sport, de son goût âcre dans ma gorge. C’était un de ces vendredi d’hiver d’Isère où le soleil brille dans un ciel d’un bleu parfait et où le fond de l’air est si sec que la température fraîche en devient agréable. En réalité et pour être honnête avec moi-même, à chacun de ces joggings ou de ces courses à pied, je n’ai pas le souvenir d’avoir vécu le moment de torture que je voulais y voir et que je moquais,conservant même le souvenir d'un moment relativement agréable avec moi-même, étant à l’extérieur, un autre rapport au temps que ces accélérations brutales où l’adrénaline aiguise délicieusement tous nos sens. Aujourd’hui, je le reconnais aisément. Je me suis  trompé. Pendant plus de 38 ans, je suis passé à côté d’une activité physique aussi passionnante que celles auxquelles j’accordai exclusivement mes « faveurs sportives ». Sans renier aucun des plaisirs que j’ai eu en pratiquant ces autres sports, j’ai découvert une grammaire sportive dont je n’imaginai pas qu’elle existait ni même qu’elle me plairait. J’ai trouvé dans le simple fait de courir un rapport excitant à mon corps et à l’effort, y trouvant des sensations fortes que de loin, je n’avais pas vu. J’ai surtout découvert, dans la course à pied et je pense ses difficultés, un début de vérité vis-à-vis de moi-même et de confiance qu’aucun autre sport, ni même aucune autre expérience, ne m’ont apportés. Dieu sait pourtant que je l’ai longtemps recherché cette confiance ! Tout a commencé un jour, il y a un peu plus d’un an, quand quelqu’un à qui je ne peux pas dire non m’a dit : «  les enfants ne sont pas là, on va en profiter pour aller courir. Mets des baskets et viens avec moi ». Ne voulant pas lui déplaire, n’ayant même plus de baskets, étant toujours fumeur et commençant à marquer les kilos dont ma jeunesse relativement sportive m’avait jusque là protégé, j’ai pensé « Allez, c’est pas un restau mais ça ne va pas me tuer non plus ». Je suis allé acheter de baskets, j’ai aussi pris un short de sport puis j’ai couru avec Elle.  Depuis bientôt huit mois, je ne fume plus, je cours au moins deux fois par semaine et j’adore ça.  Merci à Elle.

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Vos commentaires
DaddyTheBeat

@DaddyTheBeat

J'ai adoré ton billet. J'ai trouvé beaucoup de similitudes avec ma propre vie sauf que je me suis toujours interdit de faire comme les autres. Il aurait peut-être fallu parfois. Tu décris vraiment un mec que j'aime bien.
15 Nov
cris_course

@cris_course

Tout comme Daddy The Beat, j'ai également adoré ton billet ! Et si le sport a toujours fait partie intégrante de ma vie depuis tout petit(foot puis ski, puis foot), je n'ai jamais aimé courir ! La vie est souvent un pied de nez la vie, ce que nous détestions hier, nous l'aimons aujourd'hui ...
15 Nov
Ti_Tom

@Ti_Tom

C'est très bien écrit et très émouvant. Bravo !
15 Nov

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