MARATHON DE PARIS 2014
Laissez-moi vous raconter mon dépucelage... Tout d'abord revenons à l'origine de l'aventure. Cela fait maintenant 15 ans que je cours, depuis un sombre échec au concours de 1ère année de pharmacie, mais ça c'est une autre histoire, et 9 ans que je suis licencié dans un club d'athlétisme. Depuis toutes ces années, j'ai toujours rêvé du marathon, la distance reine, mais il y avait toujours une raison pour remettre à plus tard ma participation. D'abord trop jeune aux yeux de mon médecin et de mon entraîneur, puis ensuite les hasards du calendrier me faisant remettre cette première participation à plus tard.C'est lors d'une discussion anodine sur Twitter que l'idée d'une participation au marathon de Paris est apparue. C'est Eugénie, notre taupe officielle de ASO Challenge, qui parlant de l'épreuve fit naître en moi l'envie de m'inscrire enfin. Et hop, après quelques difficultés à me connecter au site d'ASO, l'inscription est validée. Nous sommes en septembre 2013 et il reste 6 mois avant la course.Mon premier objectif de "puceau de marathon" sera avant tout de finir l'épreuve. Mais dans un coin de ma tête, je sais déjà que je veux boucler ce marathon en moins de 4h00. Avec mon expérience sur semi (RP en 1h29') et après discussion avec mon médecin du sport, nous estimons qu'un chrono de 3h45 est envisageable... Janvier 2014, à 12 semaines de l'épreuve, il faut commencer à ce préparer. C'est à ce moment que va intervenir Eric du site VotreMarathon. Je ne le remercierai jamais assez lui et toute l'équipe de VotreMarathon pour leur aide précieuse, leurs conseils et leurs encouragements. Après une proposition de sa part pour nous préparer au marathon et un échange d'informations me concernant, nous allons débuter une introduction à la préparation marathon sous forme de préparation VMA pendant 4 semaines. Ensuite nous rentrerons dans le vif du sujet avec une préparation spécifique de 8 semaines avec entre autres réjouissances : sorties longues, fractionnés et séances à allures diverses... Nous voici déjà au WE du marathon. Finalement pas trop stressé, excepté une petite montée d'adrénaline au moment de préparer le sac vendredi soir : nous y sommes !Arrivée sur le salon Running Expo le samedi après-midi, organisation exemplaire et retrait du dossard en 5 minutes. Visite sur les différents stands mais petite déception, l'aspect commercial prend ici trop de place sur les présentations et les opérations diverses : les exposants sont plutôt présents pour nous VENDRE leurs produits, moins pour nous faire découvrir ou nous expliquer leurs nouveautés... Une bonne nuit de sommeil, toujours sans stress, et c'est le grand jour. Dimanche matin, levée à 5h00, dégustation de ma classique assiette de pâtes 3 heures avant la course (j'aime mes habitudes !) et choix de la tenue pour la course : déjà 16°C à 5h00, ce sera donc short d'athlé sexy et débardeur de club (encore plus sexy !) pour supporter la température déjà élevée. Une amie me dépose à la station de métro la plus proche où attendent déjà plusieurs personnes en "déguisement de runner" ! Ambiance... Arrivée sur les Champs Elysée où de nombreux participants sont déjà présents, passage au point de RV "Twitter" pour retrouver brièvement quelques twittos IRL, dont certains membres de la #TeamVotreMarathon regroupant les différents coureurs préparés par VotreMarathon. C'est court mais c'est toujours un plaisir de mettre de vrais visages sur des pseudos. Tout le monde s'encourage, se souhaite une bonne course et nous rejoignons chacun nos sas respectifs (3h45 pour moi). Le nombre de coureurs est déjà conséquent mais je suis moins impressionné que lors du semi de Paris, ma première course "de masse". L'expérience du semi a donc été concluante, je me suis habitué à cette foule importante.Le speaker met l'ambiance, les séances d'échauffement se succèdent et à 8h45, les élites partent en premiers. Notre départ sera lui donné à 9h08 et c'est parti pour ce grand moment de sport... Sous le soleil et avec une température déjà élevée, je choisis de caler mon allure sur le sympathique meneur 3h45. Ayant travaillé lors de la prépa sur une allure de 5'15/km, je pense alors que le suivre à 5'20/km m'assurera une réserve suffisante pour la dernière partie de l'épreuve. Les 30 premiers km se passent idéalement, ambiance festive, public en grand nombre, facilité pour suivre le meneur, c'est un bonheur. Bonne gestion des ravitaillements, allure 3h45 respectée à l'aise, je profite au maximum de la course en attendant la dernière partie que j'appréhende un peu : le saut dans l'inconnu.Vers le 32e km, première alerte ! Les rues deviennent étroites, les coureurs souffrent, nous n'arrivont pas à doubler et je commence à perdre le rythme. Suivre le meneur devient plus difficile et je constate que ma fréquence cardiaque augmente anormalement. Je m'inquiète à juste titre...35e km, soudain c'est le drame ! Les jambes deviennent lourdes, le cardio s'affole, la respiration devient difficile... SOS ! Le voilà le tant redouté, le fameux obstacle du marathon : LE MUR !!! Et tout s'enraye en 1 km, je vois impuissant la flamme des 3h45 s'éloigner inexorablement. Je ne peux rien faire, bloqué. Je compte les km restant, encore 7 ! Mauvaise idée, le moral en prend un coup. 36e km, je marche, je n'en peux plus, je reprends. 37e km, je n'ose plus regarder l'allure sur ma montre, je souffre, je marche encore, je veux finir... 38e km, je ne sais plus où je suis, autour de moi les coureurs marchent, vomissent, tombent, je m'imagine au milieu des zombies de The Walking Dead ! Les secours interviennent, ambulances, pompiers... Mais qu'est que je fais là ? Quel est l'intérêt de tout ça ? 39e..., 40e ! Ah le 40e km, d'un coup je reprends vie, plus que 2 ! Le rythme s'accélère, la force revient, 41e..., 42e...Je passe la ligne d'arrivée en 3h53'48. J'en avais tellement rêvé de ce moment, m'imaginant en larmes, les points levés, finisher ! Mais là, ma seule réaction, ma seule pensée, c'est "PLUS JAMAIS" ! Je suis épuisé, déçu, abattu. Le public applaudit, on me tend une médaille, je suis absent. Je m'assois sur le trottoir et reste un long moment le regard dans le vide. Je reçois un SMS de ma mère qui, recevant mes chronos en temps réel, me félicite. Je ne réagis même pas... Finalement après 24 heures de réflexion, la déception s'est effacée. Je suis tout de même fier de ma course malgré mon secteur 35-40 km fatal. Je mesure la difficulté de l'épreuve et je me rends compte de l'expérience accumulée lors de ce premier marathon. J'ai déjà envie de recommencer et je me suis pré-inscrit pour l'édition 2015. Nous sommes lundi, je me sens bien et seules quelques courbatures me rappellent la course d'hier... Bref, j'ai couru un marathon...Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :